1 avis
La maison dans laquelle / Mariam Petrosyan
Livre
Edité par Monsieur Toussaint Louverture. Toulouse - 2016
La maison est un lieu où de jeunes adolescents perdent leurs repères et changent identité, pour faire l'expérience de l'amitié, de l'amour, du conflit, de la peur, etc. C'est un endroit pour s'initier à la vie, que personne n'a envie de quitter pour affronter la réalité. Premier roman.
Où trouver le document ?
Autre format
Issus de la même oeuvre
Suggestions
Avis
Avis des lecteurs
-
La Maison dans laquelle
La maison dans laquelle… mais dans laquelle quoi ? C’est tout l’objet de ce roman génial. Pour donner une idée du flottement lexical dans lequel il nous plonge, il a été traduit par « La Maison grise » (en anglais), « La Maison des autres » (espagnol) ou encore « La Maison du temps suspendu » (italien). En russe, sa langue d’écriture, le titre est assez proche de sa traduction française. En fait, le terme le plus important est le mot « dans ». Il se passe quelque chose DANS la maison, quelque chose d’incontrôlable qui n’est pas la maison mais qui n’en est pas non plus totalement détaché. Ce moment « à l’intérieur », c’est l’adolescence. La maison, c’est un internat pour enfants « spéciaux », handicapés moteur ou mentaux. Leurs repères, toujours subjectifs, restent cloisonnés à la maison – on sait tout d’elle. Leur quotidien peut être fantasque, extraordinaire, amusant. L’extérieur est une énigme ; l’ailleurs, ou l’autre, ou la normalité, constituent une angoisse en même temps qu’une tentation. Des enfants, on ne connaît que leur surnom, et ils en ont tous un : Fumeur, L’aveugle, Sphinx ou Roux… Ils sont divisés en clans, extrêmement hiérarchisés. Les adultes, et même les parents, sont-ils présents ? En tout cas, ils sont comme fantasmés par les enfants. Le temps a-t-il cours ? En tout cas, il semble se disperser dans toutes les directions (ou refuser d’avancer). La maison est-elle réelle ? En tout cas, c’est un endroit de cauchemar. Un cauchemar mélancolique et encore plein d’espoir dans lequel on n’a que le droit de se perdre, merveilleux comme une aventure d’Harry Potter, terrifiant comme du Lovecraft ou comme un embryon de régime totalitaire. Pas vraiment de fantastique, mais pas non plus de réalisme cru. Mariam Petrosyan, qui a commencé son roman à 18 ans, mis dix ans pour l’écrire (y vivre, dit-elle), 10 ans de plus pour se décider à le publier, a réussi le grand roman de l’adolescence sur lequel tant d’écrivains se sont cassé la plume depuis L’Attrape-cœurs. Tout y est monstrueux, au premier sens du terme : les personnages, le décor, le livre lui-même. Tout y est émouvant aussi. Encore une superbe trouvaille des éditions Monsieur Toussaint Louverture, avec une traduction qui, certainement, rend flagrant la limpidité du style. Un style qui demande qu’on s’y arrête, qu’on y revienne et qui nous manque à chaque fois qu’on ose quitter la maison de Mariam Petrosyan.
CHARO1984 - Le 24 mars 2017 à 16:22