1 avis
Juste avant l'oubli / Alice Zeniter
Livre
Edité par Albin Michel. [Paris] ; Flammarion - 2015
Franck a rencontré Emilie il y a huit ans. Il est convaincu qu'elle est la femme de sa vie. Mais la jeune femme, thésarde, connaît une passion sans bornes pour l'écrivain policier Galwin Donnell, mystérieusement disparu en 1985. Elle se rend sur une petite île pour organiser un colloque qui lui est consacré. Franck compte l'y rejoindre et la demander en mariage. Mais rien ne se passe comme prévu.
Où trouver le document ?
Autre format
Issus de la même oeuvre
Avis
Avis des lecteurs
-
Juste avant l'Oubli
C'est une sorte de huis-clos, un lieu isolé de tout, une vingtaine de personnes qui se connaissent mal réunies sur une île sauvage et quasiment inhabitée à l’occasion d’un colloque à la mémoire d’un célèbre (mais fictif) écrivain disparu dans des conditions douteuses ; un huis-clos jouant avec les codes du récit policier, du roman noir, voire du fantastique. Mais c'est aussi une dissection du couple en bonne et due forme. Zeniter mélange donc habilement deux sortes de littérature. D'un côté quelque chose qui serait proche d'une littérature anglo-saxonne animiste : l'île sauvage, la nature déchaînée qui reflète les passions, l'envoûtement d'un fantôme, un mystère irrésolu, il y a quelque chose de cosmique qui apparaît dès la dédicace adressée à Witold Gombrowicz et notamment à son roman-feuilleton Les Envoûtés. J'ai espéré très fort que le sens du détail de Gombrowicz, cette obsession qui finit par devenir l'Univers, serait présent – il y avait effectivement un peu de ça, en mode mineur. L'auteur se place également sous le patronage d'Arthur Conan Doyle (celui du Monde perdu, mais pas que) ou encore de Roberto Bolano. De quoi m'enthousiasmer avant même de commencer la lecture. D'autre part, il s'agit d'un roman s'inscrivant dans la tendance d'une certaine littérature française contemporaine : dissection de la relation de couple, du rapport à autrui plus généralement, des sentiments, littérature de l'intime pour ne pas dire de l’égo. Cette partie-là m'intéresse moins mais il faut reconnaître que tout sonne juste dans le traitement qu'en fait l’auteur. D'une manière générale, la justesse, la concision, les phrases parfaitement travaillées, la maîtrise du rythme, du récit mais aussi (plus rare, et jubilatoire quand c'est réussi) des clichés font qu'on tourne les pages à toute allure, à la recherche d'un meurtrier ou de la résolution d'un mystère qui n'existe peut-être pas. La mise en abîme est parfaite et, c'est à ça qu'on mesure la réussite du roman, on finit par avoir très très envie de lire les œuvres de l’écrivain fictif Galwin Donnell dont on nous offre de courts extraits et analyses.
CHARO1984 - Le 03 février 2016 à 12:31